Du signe de croix à la reconstitution de la crucifixion du christ.
Etat majoritairement catholique au milieu de pays asiatiques aux influences bouddhistes, taoïstes et musulmanes, les Philippines étonnent de leur ferveur catholique, partie intégrante de la vie quotidienne.
La religion catholique se développe avec l’arrivée de Ferdinand de Magellan en 1521, posant l’étendard espagnol sur l’archipel et marquant le début de la colonisation espagnole pour les trois siècles suivants. L’évangélisation aurait été un succès remarquable du fait de l’absence de centralisation des pouvoirs dans un archipel comptant plus de 2000 îles habitées aux diversités prononcées, éparpillées dans les mers du Pacifique. 90% des philippins sont chrétiens dont plus de 80% de catholiques romains et 9% de protestants. Enclavés principalement dans la région de Mindanao, les musulmans représentent 7% de la population.
Ici, le christianisme s’est imprégné de croyances animistes avec l’importance des esprits, chamans, guérisseurs et des forces de la nature influençant quotidiennement la vie des Philippins. Assénés de typhons provoquant des vents violents et des pluies diluviennes, contraints à une pauvreté criante dans les campagnes et bidonvilles et gangrénés par la corruption, les Philippins se réfugient dans la religion en attendant les jours meilleurs. La vie suit son cours et le rire est une arme pour surmonter les moments difficiles.
Entre les chapelets dans les jeepneys, tricycles et taxis, entre Jesus sur sa croix souvent accrochés dans les maisons et petits magasins, entre le signe de croix répandue au début du repas, dans les supermarchés à certaines heures de la journée, en passant devant les églises, ou encore les « God bless our trip » suspendus au dessus des rétroviseurs des jeepneys, la foi inconditionnelle des philippins se ressent de manière permanente.
Mais la religion est également source d’espérance, de rassemblement et de convivialité. Les églises se remplissent allégrement les dimanches, les conversations résonnant entre les murs, avant que le prêtre n’apparaisse laissant place à une sérénité étonnante. Les prières chantées démarrent, menées par les enfants de chœur ou bien simplement par une guitare dans les petites églises rurales. Le sentiment de communion est prodigieux.
D’ailleurs, le prêtre joue un rôle prépondérant dans la société, surtout dans les zones rurales, où en plus des confessions, il devient un réel conseiller dans les affaires familiales, au niveau médical, voire même en matière économique.
De nature joviale, les philippins se rassemblent tout au long de l’année, et ce, dans toutes les villes du pays, au cours de fiestas essentiellement dédiées aux différents saints catholiques. Les processions religieuses envahissent les rues arborant fièrement l’icône à l’honneur, précédées de parades dansées et colorées, tambours battant.
La foi bat à son comble lors d’un évènement extravagant, ayant lieu durant la Semaine Sainte dans les environs de Manille. La Passion du Christ est alors reconstituée, différents fidèles (les mêmes chaque année) retraçant le chemin de croix avant de se faire crucifier devant la foule.